Caroline et Capucine

Nettement Chic est avant tout une histoire de rencontres. Celle avec Caroline de Marchi, fondatrice de la marque éponyme, et sa fille Capucine Lebrun, nous plaît particulièrement. Elles reviennent sur les débuts de l'histoire.


Quels sont vos rôles au sein de la société Caroline de Marchi ?

J’ai commencé à créer mes propres sacs et puis, de fil en aiguille, j’en ai également créé pour mes amis. Je n’ai jamais aimé les marques qui étaient trop affichées. Tout a commencé comme ça. Je ne trouvais pas le sac qui me séduisait. Ca paraît très prétentieux de le dire mais le constat est vrai. Je ne trouvais pas ce que je cherchais sur le marché.

Un jour, le hasard a fait que j’ai accompagné une amie à Bali. Là-bas j’ai pu trouver des gens qui me faisaient ce que je cherchais, qui comprenaient ce que je voulais, même si ce n’était pas mon métier. Mais comment les vendre ? Je ne voulais surtout pas tomber dans cette mode qu’il y avait à l’époque à Paris pour les ventes privées. A terme, nous sommes arrivées à la conclusion qu’on était en train de créer un vrai concept de sacs en édition limitée, avec son showroom, son e-shop et son réseau de distribution dans les plus belles boutiques à l’international.

En achetant un sac Caroline de Marchi, une femme sait qu’elle ne le verra pas sur quelqu’un d’autre. Elle sait qu’elle va trouver quelque chose à part. Ce qui me plait, c’est de me calquer sur la personnalité de la femme, car une femme a une relation très particulière avec son sac.

Donc, tout ça pour dire qu’aujourd’hui je suis la styliste de ma propre marque !

Capucine : Pour ma part j’ai commencé ma carrière dans la communication et dans la presse plus précisément. Comme nous sommes très complémentaires avec ma mère, nous avons décidé il y a quatre ans de travailler ensemble. (La marque existe depuis bientôt six ans et le showroom de la rue St Honoré, tout comme l’e-shop, existe depuis deux ans et demi). Aujourd’hui je m’occupe du développement de la marque et du marketing.


Quelle a été l’évolution de la marque ?

Caroline : Par le biais d’une amie, j’ai rencontré un artisan à Gene. Il m’a appris toutes les ficelles du métier. Il m’a appris le cuir. Tout est aujourd’hui fabriqué chez lui en Italie. Il fabrique aussi pour Chanel, pour Louboutin. Je suis vraiment la toute petite cliente qui ne fait jamais plus que 10 sacs par modèle ! Imagine ce qu’il va dire quand je lui annonce mon intention de créer des accessoires pour chien ! (S’ensuit une discussion passionnée, que je vous épargne pour l’instant, au sujet du besoin pour une marque de belles accessoires pour chien, dans le style de Mungo and Maud à Londres).


Est-ce que vous avez toujours vu Caroline de Marchi en grand ?

Caroline : Non ! Mais au même temps je veux que toute femme possède son Cubo ! (le modèle phare de la marque). Je veux créer un produit intemporel qui soit partout. La version noire et blanche pour une femme plus classique, la version python argentée pour une fille plus jeune, plus mode.

Capucine : Alors pour ma part je dirai oui. Si je travaillais sur une marque de quartier, je ne pense pas que j’aurais la même motivation. Je m’auto-motive en me disant qu’on monte une marque qui pourrait, qui sait, avoir la notoriété d’un Louboutin dans 20 ans. J’ai très envie de partir à l’étranger pour m’occuper du développement international. Déjà aujourd’hui, beaucoup de nos clientes sont américaines, italiennes, brésiliennes... Il faut se tourner vers l’étranger, c’est une évidence.


Qui serait l’ambassadrice idéale de Caroline de Marchi ?

Caroline : Carole Bouquet

Capucine : Charlotte Casiraghi ou Bianca Brandolini


Quels sont pour vous les avantages d'une société familiale ?

Capucine : Il y a une vraie communication. On est extrêmement proche. On partage tout et on a une vraie complicité. On s’appelle 15 fois par jour ! Sauf quand elle crée où elle a besoin d’une sérénité totale.

Caroline : Le fait que nous soyons de deux générations différentes m’aide énormément aussi. Capucine a des idées quant aux couleurs que je n’aurais pas par exemple. Elle a aussi un autre réseau, elle ouvre la voie vers une autre clientèle. (Je remarque que la mère et la fille ne portent jamais leur sac Caroline de Marchi de la même manière. Capucine a une prédilection pour les plus petits modèles, portés à l'épaule ou en bandoulière, tandis que sa mère arbore le Cubo en grand modèle, porté sur l'avant-bras).


Et quels sont les désavantages de la société familiale ?

Caroline : Il faut savoir que quand Capucine est venue me rejoindre, j’étais ravie, fière, mais hésitante. Si moi je plante ma boîte c’est mon problème. Mais comme je l’entraine avec moi, j’ai une certaine responsabilité. Si ça marche elle me remerciera toujours mais si ça ne marche pas, je ne voudrais pas qu’elle ait perdu toutes ces années.

Capucine : C’est toujours un risque. Parfois je me dis qu’il aurait été plus simple si j’avais créé ma propre société car c’est vrai qu’il y a des personnes qui imaginent que, sous le prétexte que je suis la fille de la patronne, je crois que tout m’est permis. Je crois que l’essentiel, c’est de ne pas s’arrêter à la famille. On est toutes les deux conscientes que nous ne nous suffisons pas à nous-mêmes, que nous avons besoin d’autres « mains », d’autres cerveaux. Je ne connais personne qui sache tout faire.

 

Quelles sont vos sources d’inspiration ?

Caroline : Les voyages. J’ai vécu cinq ans au Caire. Aujourd’hui je passe mon temps entre la France, l’Italie et le Brésil. Tout m’inspire. Quand je suis ici, je passe beaucoup de temps aux Puces de St Ouen par exemple.

J’ai toujours adoré les accessoires. Petite, on m’a expliqué que si on avait les moyens, il fallait un très joli sac, des jolies chaussures... Après on peut les mélanger avec tout. A l’époque c’était chez Promod qu’on allait pour les vêtements pas chers, maintenant il y a Zara.


Une autre marque familiale que vous admirez ?

Caroline : Bottega Veneta, qui a été suivie par Corto Moltedo, la marque montée par le fils du fondateur.

Capucine : Hermes et Missoni


Quel est votre conseil pour une fille qui rêve de se lancer dans l’entrepreneuriat aujourd’hui ?

Caroline : De bifurquer et de retourner dans l’autre sens ! Non, sérieusement, il faudrait beaucoup de tenacité, beaucoup de volonté et beaucoup, mais beaucoup d’enthousiasme. Il ne faut jamais le perdre.

Capucine : Il faut avoir confiance en soi avant tout.


Quels sont vos sites préférés ?

Capucine : Net A Porter, pas très original je sais mais je l’adore. The Outnet aussi. Je vais de temps en temps sur TopShop (moi aussi nous assure Caroline) et ASOS où je peux passer des heures. Et pour la maison je trouve AMPM joli. Mais bon, je me rends compte que je ne suis pas une vraie « addicte » de l’internet comme peuvent l’être certaines de mes copines. Par exemple je ne lis pas du tout de blogs, à part Style.com, qui n’est pas vraiment un blog mais qui est très bien pour déceler les tendances.

Caroline : Pour moi ça va être les choses que nous ne trouvons pas en France. D’où les visites le dimanche après-midi sur le site de TopShop par exemple ! Je suis une adepte de Net A Porter, surtout en période des soldes ! Et je viens de découvrir ASOS. J'y achète des jupes par centaines !


Une dernière question pour Caroline. Le sac de tes rêves, est-ce que tu l’as déjà créé ?

Je dirais le Cubo, oui. Je ne sais pas si c’est le sac de mes rêves mais c’est le sac qui me correspond parfaitement.


Portrait : Aisling Greally, Trésor Parisien