Elsa Madjar

La reine de l'accessoire en ligne, c'est elle. Elsa Madjar revient sur les débuts de l'aventure et de sa passion pour le bijou et le Net. Rencontre avec une geek très, très chic.


Quel est ton rôle chez Les Trouvailles d’Elsa ?

Tout d’abord, je dirais que j’ai un rôle de dénicheuse, l’idée étant de trouver pour mon site des produits que j’aime, dont mes clientes et futures clientes pourraient avoir envie.

Mon deuxième rôle consiste à assurer la mise en avant de ma sélection par la communication, à la fois sur le site, les réseaux sociaux et les newsletters. Aujourd’hui, j’ai décidé de mettre davantage en scène les bijoux et accessoires vendus sur le site à travers des looks où je mélange mes trouvailles avec mes propres vêtements, l’idée étant de faire vivre ma sélection.

Enfin, mon troisième rôle (un peu moins glamour, j’en conviens) c’est l’administratif.

Je porte donc plusieurs casquettes, même si je commence à déléguer un peu puisque, aujourd’hui, nous sommes trois derrière Les Trouvailles d’Elsa.


Raconte-nous les débuts de l’histoire des Trouvailles d’Elsa et le parcours qui t’a menée à créer ton site.

Alors, à la base, j’étais visiteuse médicale, donc rien à voir avec ce que je fais aujourd’hui ! J’avais 21 ans, j’aimais la mode, mais je me suis dit que je devais quand même avoir un métier. Ma mère et ma sœur étaient visiteuses médicales. J’ai donc fait des études en ce sens et j’ai intégré un laboratoire et cela, pendant 6 ans.

À cette époque, mes copines me disaient toujours : « Quand tu fais les boutiques, tu trouves toujours plein de trucs que nous ne voyons même pas ! Pourquoi ne partagerais-tu pas tout ça ? » J’ai donc créé en 2006 un guide shopping sur Internet qui s’appelait déjà Les Trouvailles d’Elsa. Je prenais en photo les trucs sympas que j’avais trouvés. C’était un petit guide shopping sans prétention.

À la naissance de mon fils, je n’avais pas du tout envie de repartir travailler. J’avais envie de rester avec lui. Du coup, je me suis dit que ce serait bien de faire de ce guide shopping quelque chose de plus lucratif. Au départ, je voulais me focaliser sur la mode. Je suis allée très gentiment voir Isabel Marant pour lui demander si elle voulait bien être sur Les Trouvailles d’Elsa, et elle m’a très gentiment dit non...

Je me souviens d’une conversation avec ma copine Magali, la créatrice de la marque Aime, qui me disait que les bijoux et l’accessoire en général seraient un créneau plus intéressant que les fringues. À la même époque, j’ai eu un coup de cœur pour la créatrice Stéphanie Jewels que l’on pouvait trouver chez Bonpoint. Du coup, j’ai commencé à vendre Aime et Stéphanie Jewels sur Les Trouvailles d’Elsa. Le site a vu le jour le 2 juin 2008. Pour la petite histoire, le 1er juin 2008, tout a planté (rires), mon ordinateur avec toutes les dernières photos que je devais mettre en ligne, et que je n’ai jamais pu mettre sur le site...


Que s’est-il passé pour que les accessoires deviennent une passion plus que la mode pure aujourd’hui ?

La connaissance du milieu, je pense. Je me sens aujourd’hui une vraie spécialiste de l’accessoire. J’ai commencé à connaître des marques, à faire attention aux méthodes de fabrication et je me suis rendue compte que, dans une tenue, c’est le petit détail qui change tellement de choses, qui peut donner l’accent sur un style. Tu portes une robe noire et selon les accessoires que tu mets, elle peut faire très classique, elle peut faire rock, elle peut faire bohème…


As-tu toujours vu Les Trouvailles d’Elsa en grand ?

C’est assez paradoxal parce que j’étais très confiante en ce que je faisais, j’y croyais beaucoup alors qu’autour de moi, peu de gens y croyaient, à part mon mari, heureusement ! Mais je ne me suis jamais dit : « mon site, ce sera NET-A-PORTER » parce que je crois que je n’ai pas ce type d’ambition.

J’ai créé ce site pour rester avec mon fils, j’ai essayé de garder ça en tête. Je suis aussi maman. Depuis 7 ans, je fais les choses à mon rythme et ça se passe très bien comme ça. Avec le temps, les petits grandissent et, du coup, je me tourne plus vers le développement du site.


Qu’est-ce qui te motive ? Comment tu fais dans les moments difficiles ?

Je me pose, je fais des listes, je parle avec mon mari, le pauvre ! (rires) Il m’a énormément soutenue, il a toujours été là, il me rassure. C’est peut-être pour ça que je n’ai pas mal vécu le fait d’être seule dans ma société, même s’il y a eu des moments où c’était compliqué. Il est vrai que, quand on est seule, on n’a pas l’échange qui permet d’avancer plus vite. Aujourd’hui, je suis ravie d’avoir une équipe, des gens qui m’aident et qui me font avancer plus vite dans le développement de la boîte.

Après, il y a clairement eu des moments où j’ai eu peur, surtout quand j’ai vu des concurrents arriver. Je me suis dit : « C’est bien beau de tout faire à ton rythme mais tu vas peut-être vite te faire dépasser »... Et puis, je me suis dit qu’il ne fallait pas perdre qui je suis. Je garde bien ma place dans le marché français, je pense même avoir ma place dans d’autres marchés.

Maintenant, je regarde vraiment très peu la concurrence. Je suis sure que je ne connais pas la moitié de mes concurrents, et je ne veux pas les connaître. Je veux rester dans ma ligne de conduite. Pour l’instant, ça marche. Le jour où ça marchera moins, je verrai les choses différemment et on trouvera d’autres solutions.


Qu’est-ce qui est unique dans Les Trouvailles d’Elsa ?

Quand j’ai créé Les Trouvailles d'Elsa, je voulais mettre mon prénom dans le nom du site pour que les clientes comprennent qu’elles ne s’adressaient pas à une machine, mais à une personne. Aujourd’hui, je réponds encore à tous les mails personnellement. L’idée, c’était vraiment qu’elles aient l’impression qu’Elsa était là pour elles. Ce qui fait que mon site est unique, c’est qu’on sent qu’il y a quelqu’un derrière, on sent qu’il y a une acheteuse qui fait sa sélection, ce ne sont pas juste des photos qui sont mises au hasard sur une page. Il y a une vraie identité visuelle, en tout cas celle que je voulais lui donner.

Tout ce que j’ai fait sur mon site était intuitif. Je pense que je peux le dire maintenant, avec la maturité, j’ai un œil, je fais confiance à mon intuition, à mon instinct.


Parlons des marques sur ton site. Quelles sont celles que tu affectionnes particulièrement ?

Aime et Stéphanie Jewels sont mes marques chouchoutes, les toutes premières que j’ai vendues. En plus, j’aime beaucoup les créatrices. Tout comme Alexandra Margnat et Harpo. Il y a aussi deux nouvelles marques que j’aime beaucoup : Delphine Delafon et Pascale Monvoisin. Elles correspondent très bien à mon style.


Comment décrirais-tu ton style justement ?

Je crois que je peux tout être, ça dépend de mes envies. Je peux très bien être jean et baskets comme je peux être plus femme… L’avantage, c’est que, avec les accessoires, tu changes très facilement de style.

Souvent, je décide de mes tenues par rapport à l’accessoire que j’ai envie de porter, que ce soit mes chaussures, un sac, un bijou. Prenons par exemple ma grosse manchette en cuir de Richard de Latour : il m’est arrivé un matin d’avoir envie de mettre ma manchette et de me demander ensuite comment j’allais m’habiller. Comme pour Delphine Delafon : j’ai d’abord envie de mettre mon sac en python noir. Ce que je vais mettre avec ? Cela vient après !


Si tu devais donner des astuces à une fille qui ne sait pas trop quoi porter en termes d’accessoires, tu dirais quoi ?

Je trouve qu’il n’y a rien de pire que de porter des choses qui ne te correspondent pas. C’est-à-dire porter des choses que tu n’aimes pas, parce que c’est la mode, porter un bijou parce qu’on l’a vu quelque part mais qui ne correspond pas à ton style. Je trouve que c’est important de faire l’unité en pensant à qui tu es, à ta manière de t’habiller. Si je devais conseiller, je commencerais par des bracelets, rien de plus facile que de cumuler des bracelets, surtout l’été, où on peut mettre facilement des grigris, des joncs et faire quelque chose de très joli.

Moi, au départ, je ne portais pas d’accessoires. J’avais dû mettre 3 paires de boucles d’oreilles dans ma vie, alors, tu vois ! Tout a commencé quand j’ai vu les bijoux Aime, j’ai eu un vrai  coup de cœur. Il s’est passé quelque chose en portant le bijou. Et je pense que c’est ça qui est important, ce n’est pas juste de se dire : « Tiens, je le vois dans un magazine donc je vais le porter ». Il faut s’imaginer, se dire : «  Je vais mettre cette paire de boucles d’oreilles, je vais me sentir bien avec, je vais me sentir belle ».

Mais quand on veut commencer à accessoiriser ses tenues, il faut commencer par quelque chose d’assez simple, des joncs fins comme ceux que fait Alexandra Margnat, ou les petites bagues fines de Stéphanie Jewels. Et, petit à petit, quand on commence à s’approprier ça, on peut commencer à aller dans l’extravagant.


Quels conseils donnerais-tu à un entrepreneur qui se lance dans le Net ?

Travailler les visuels. C’est primordial parce que c’est ce qui attire ton client et le pousse à la phase achat.

Et travailler le référencement. Au début, les gens me disaient : « Trop facile, le web ! C’est génial, on peut vendre tout ce qu’on veut ». Non, le web, ce n’est pas ça, le web, c’est un désert où on pose sa boutique et personne ne passe devant. Et ça on ne s’en rend pas compte, quand on ouvre une boutique sur rue, il y a du passage quoiqu’il en soit. Le web, il n’y a pas de passage si tu ne fais pas venir tes clients. Si tu ne fais rien, rien ne se passe.


As-tu un héros de l’entreprenariat ?

Non, pas vraiment... Enfin, peut-être Garance Doré. Quand je l’ai rencontrée, j’étais à la sortie du défilé Lacroix avec mon fils Max. Elle est venue prendre des photos de nous et on a papoté 5 min. Elle avait pris le temps de m’envoyer un mail en me donnant des conseils !


Est-ce que tu lis des blogs ?

Absolument pas. Je n’ai pas le temps.


Est-ce que tu achètes en ligne ?

Oui. Pour les enfants. J’aime beaucoup le site de Smallable.

Après, comme j’aime bien porter ce que tout le monde ne porte pas, j’utilise beaucoup le web pour trouver les choses rares et exceptionnelles.

Au niveau des accessoires, je me fournis sur mon site. C’est surtout le fait de pouvoir avoir ce que je veux en accessoires qui fait que je n’achète pas tant de choses que ça à côté. Comme je trouve que l’accessoire est quelque chose de fort, qui va vraiment créer un style, finalement, derrière, je garde mes basiques.


Y-a-t-il un site que tu consultes régulièrement ?

Pinterest. Ça m’inspire, ça va m’aider à faire les looks de la semaine, ça va m’aider à trouver de nouveaux bijoux, à décider du style que je donnerai à ma prochaine homepage… C’est vraiment une source d’inspiration, c’est assez magique.

Je viens de découvrir le site Pictoresq que je trouve très beau. Il y a une vraie originalité dans la manière dont les vêtements sont présentés.


Quel est le web de demain ?

Mon intuition me dit que ça va être très difficile. Notre génération va être très vite dépassée par la nouvelle génération. Ça ne me fait pas peur, je me dis juste qu’on va évoluer avec ça, on va devoir s’adapter, trouver des solutions. La seule partie qui pourrait me faire peur serait par rapport aux enfants. Il faut être vigilant, les protéger des réseaux sociaux qui peuvent être très positifs mais aussi très, très négatifs.

Mais, pour moi, le web de demain va surtout prendre une place énorme dans nos vies. Nos enfants sont nés avec. Nous, on ne s’en rend pas compte parce que, quand on est nés, il n’y avait pas de téléphone portable. Notre premier portable on l’a eu à 16 ou 18 ans, ça fait une sacrée différence ! Pour eux, le net, c’est la vraie vie, ça fait partie de leur réalité. Nous, la barrière existe parce qu’on a vécu sans, pendant longtemps.


Tu es geek ou chic ?

Je suis geek ET chic !

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