L’histoire de Mackeene, c’est l’histoire de deux frères, Rodolphe et Harold, passionnés de mer et de style. Croisés à Paris ou ailleurs (ce sont des voyageurs invétérés), on remarque d’abord leur élégance, à tous les niveaux. Rencontre le temps d’une pause gourmande, entre deux voyages, à une terrasse de St Germain.
Quels sont vos rôle au sein de Mackeene ?Â
Harold - Nous sommes les deux fondateurs. L’idée d’une marque de maillots pour hommes, à la fois chic et sport, est née dans le restaurant de notre famille, La Bergerie, à Isolella dans le sud de la Corse. Comme beaucoup de moments clés dans l’histoire de Mackeene, il s’agissait d’une rencontre fortuite, au bord de l’eau. Cette fille anglaise, qui passait ses vacances dans le coin et qui était créatrice de maillots pour femme, nous parlait du fait qu’il n’y avait pas de marque de maillots pour hommes combinant le sport et le chic. J’avais une expérience dans l’import-export et le design, mon frère est kitesurfeur professionnel. Ensemble, on s’est rendu compte qu’on réunissait les compétences (et l’envie) de créer ce maillot qui n’existait pas. Aujourd’hui, je m’occupe du développement de la marque et de la gestion de tous les jours. Et je dessine. Rodolphe, quant à lui, est le contrôleur technique !
Racontez-nous vos parcours.Â
Harold - J’ai commencé à travailler à 16 ans. J’ai très rapidement appris les programmes de graphisme (illustrator, photoshop, etc). On était au début du web et cette expertise m’a fait rebondir sur pas mal de petites boîtes. A un moment, j’ai atterri dans une boîte Belge (on est tous les deux nés à Bruxelles) faisant de l’import-export. Cette expérience m’a donné l’opportunité de connaître la Chine et m’a insufflé l’envie de partir là -bas, chose faite en 2003 où j’y ai travaillé avec un ami dans la communication et le retail. C’est à mon retour en 2006 que nous avons commencé à travailler sur Mackeene.
Rodolphe - En parallèle de ma carrière sportive (champion de kitesurf), j’ai monté plusieurs petites boîtes spécialisées dans la distribution de produits nautiques. 6 mois de l’année, je m’occupe de ses sociétés depuis Saint-Barth où je vis et six mois de l’année je suis en déplacement pour communiquer autour des marques de kite.
Tout ça, c’est la partie professionnelle, officielle je dirais, mais la vraie histoire, elle est avant tout familiale. Nous avons la chance d’avoir des parents qui nous ont toujours soutenus dans nos choix professionnels. Ils n’ont rien dit quand j’ai décidé de devenir sportif, à tendance surfeur, par exemple...
Sur les premières collections, on s’y est tous mis. Harold dessinait, tout le monde essayait les prototypes, on faisait des centaines de fiches produits sur la table de la maison. Tout le monde, y compris les amis qui étaient de passage, nous faisait part de leurs suggestions.
Harold – J’ai un souvenir en particulier de cette époque. Notre mère a naturellement un côté assez entrepreneurial et elle est aussi très perfectionniste. La maison a toujours été très belle, juste comme il faut, tout à sa place. A un moment, on n’avait pas d’autre choix que d’y stocker les énormes rouleaux de tissu et les cartons d’aimants. J’ai passé un hiver entier à travailler tout seul depuis la maison en Normandie qui était remplie à bloc. Evidemment, je n’ai pas réussi à la vider à temps, nos parents ont débarqué pour y passer leurs vacances, ils ne pouvaient même pas ouvrir la porte ! Mais ils sont complètement entrés dans le jeu. Je pense, par exemple, à notre père qui faisait le mannequin pour voir si, pour un public de 60 ans, la forme du maillot allait aussi !
Racontez-nous l’évolution de la boîte.
En dates alors : 2006 – création de la boîte ; 2007 – développement du produit et rencontre déterminante avec le fabricant des aimants que l’on utilise dans les fermetures brevetées de nos maillots, et 2008 - lancement de la première collection. Depuis, chaque année, nous lançons une nouvelle collection. Je vois les années en collections maintenant...
Quels sont pour vous les avantages de l’entrepreneuriat en famille ?
Harold - Tu peux compter non-stop sur l’autre. Il y a un soutien moral en permanence.
Rodolphe – A travers d’autres boîtes que j’ai montées, j’ai découvert que l’association est très compliquée. Au début, tout va bien, forcément. Mais quand les choses se passent moins bien, ce qui finit par faire craquer les gens, en général, c’est l’argent. Pour nous, cette question ne se pose pas. Il n’y a pas de problème avec ça chez nous. Mon argent, c’est l’argent de ma famille. Pour moi, c’est ça qui est le plus important. D’autant plus que monter une marque, ça prend énormément de temps et les problèmes financiers, il peut y en avoir plein !
Est-ce qu’il y a, pour vous, des désavantages à entreprendre en famille ?
Harold - On se dit des choses en vrai ! Et on ne peut rien cacher. On connaît tellement bien la personne en face.
Comment vous complétez-vous ?
Harold – Je dirais que mon frère fait beaucoup plus attention à sa santé, à l’équilibre entre sa vie personnelle et sa vie professionnelle. Moi, j’ai tendance à être trop dans le travail, à ne pas savoir quand il faut lâcher. Il m’aide à m’équilibrer.
Rodolphe – Effectivement, mon idée à travers les maillots, cela a toujours été de faire quelque chose en lien avec cet univers que j’adore qui est celui de la mer. On a toujours baigné dedans (rires). Nos parents nous ont toujours poussés à faire du bateau, de la planche à voile, du surf. Avec la création de la marque, je me suis vu travailler avec mon frère et j’ai tout de suite envisagé cette possibilité de créer une marque qui allait nous permettre de rester dans l’univers de la mer. J’ai tout de suite vu des bureaux dans des villes au bord de l’eau, l’influence très saine d’une vie où l’on trouve toujours le temps d’aller nager, de faire du surf. C’est primordial pour moi.
Vous avez toujours vu la marque en grand ?
Rodolophe - Oui, je pense souvent à une marque belge, Bellerose, qui m’inspire beaucoup. C’est une belle réussite familiale. J’adore l’idée que Mackeene combine un certain style de vie avec une vraie qualité de vie.
Harold – Effectivement, l’idée à long terme a toujours été la création d’une marque lifestyle autour d’un univers sport très sain, qui incarne une vraie qualité de vie. Notre idéal, c’est ça.
Est-ce que vous avez fait des rencontres marquantes à travers l’histoire de Mackeene ?
Harold - Toute l’histoire de la marque s’est faite de rencontres fortuites. Rodolphe a eu beaucoup de rencontres qui ont permis de faire avancer la boîte. Je crois que la plage est un lieu de rencontre qui met tout le monde au même niveau !
Rodolphe – La plupart du temps, les gens sont là parce qu’ils sont en vacances et ils sont souvent détendus, donc d’autant plus à l’écoute. Je suis dans un domaine que je maîtrise parfaitement, eux pas. Dans la vraie vie, ils ont peut-être des postes importants. Dans un dîner en ville, ils m’auraient sûrement regardé de haut mais le fait qu’ils sont en maillot de bain sur la plage fait que la conversation avance plus facilement.
Une rencontre en particulier ?
Celle avec Philippe Woitrin, un ami de la famille qui a monté des marques de l’alimentation bio et végétarienne telle Lima. On l’a pas mal sollicité et il a toujours été à notre écoute. Il nous a toujours impressionnés par rapport à sa disponibilité. Quand tu l’appelles, en dépit de son agenda de ministre, il trouve toujours une demi-heure à te consacrer.
Quel conseil donneriez-vous à un entrepreneur qui se lance aujourd’hui ?
Harold – Bien s’entourer.
Rodolphe - Aller directement dans le Net. Il faut tout miser sur le Net.
Vous achetez en ligne alors ?
Rodolphe - Oui. Maintenant, oui. Pendant longtemps, je n’avais pas besoin d’acheter tout court car j’étais habillé par des marques de surf. Et si je voulais un truc un peu moins surf, un peu moins « teenager », j’appelais mon frère et il me le trouvait ! Maintenant, il m’arrive d’acheter en ligne pour moi car je déteste faire les boutiques.
Harold – Oui, pour les basiques. J’aime beaucoup le site de Mr Porter.
D’autres sites que vous aimez ?
Harold - Site Inspire et Selectism.
Votre univers me semble être fait de rencontres et de voyages. Vous avez un souvenir de voyage en particulier ?
Rodolphe - J’adore partir. J’aime faire ma valise parce que c’est à ce moment-là que je sais que je vais partir. Je suis très itinérant. (La preuve, Rodolphe part le lendemain de cette interview pour un concours de kitesurf à l’île Rodrigues, au large de l’île Maurice.) J’aime arriver quelque part, y être, puis les choses commencent à se répéter et j’ai envie de repartir.
Harold – Pour moi, ce sont les odeurs. Quand tu sors d’un avion, il fait lourd, humide, il y a de la chaleur. C’est à ce moment que je sais que je suis en voyage.
D’où êtes-vous, en fait ?
On n’a jamais vraiment su ! Je dirais que nous sommes européens. Pas belge, ni français en tout cas. Pas écossais non plus, comme notre nom pourrait l’indiquer... On a grandi dans le culte du voyage, avec cette idée que nous n’étions pas mono-pays. Du côté de notre mère, il y avait un grand-père aventurier, pilote dans les Caraïbes, dans les années 50. Notre père était diplomate. Notre sœur vit en Martinique. Le voyage a toujours été présent.
Qui rêvez-vous d’habiller en Mackeene ?
Harold – (Rires) Adam Brown (le fondateur de la marque de maillots Orlebar Brown).
Une dernière question : êtes-vous geek ou chic ?
Harold – 50 / 50
Rodolphe – Sportic ?