Voici un article dont je suis fière (si, si, j'assume !). Je vous présente la première interview d'une toute nouvelle série sur Nettement Chic : "Me and my e-shops". Passer une heure avec la fondatrice d'un site qui a déjà fait ses preuves et lui poser toutes les questions qui me passent par la tête fait partie de mon quotidien. Et cela me paraît être un tel luxe que j'ai voulu partager ces moments avec vous. Un grand merci à Fanny Moizant, co-fondatrice du phénomène du net Vestiaire Collective, de s'être prêtée au jeu !Â
Raconte-moi ton parcours en bref ?
A l’issue de mon école de commerce, j’ai réalisé que le secteur d’activité dans lequel je souhaitais évoluer était le monde de la mode. Celui-ci ne m’était d’ailleurs pas totalement étranger : ma mère est aussi dans le vêtement. Grâce à elle notamment, j’ai en fait grandi dans les chiffons !
Je n’ai pas intégré directement le monde de mes rêves mais m’en suis rapprochée. J’ai ainsi intégré une entreprise de décoration en tant que trade marketer pour des entités importantes, tel Auchan ou encore Carrefour. OK, ce n’est pas très glamour sur le papier mais cette période a été très formatrice pour moi.
Puis, j’ai eu mes deux filles et ai parallèlement décidé d’intégrer l’Institut Français de la Mode en management. L’IFM et la maternité m’ont donné une certitude : je ne retournerai pas dans mon ancien schéma professionnel et me lancerai dans ma vraie passion. Des idées, j’en ai eues, des tonnes d’ailleurs ! (rire). Grâce à un (finalement !) heureux concours de circonstances est né Vestiaire Collective, c’était en octobre 2009.
Un concours de circonstances ? Dis-en nous plus !
Un jour, mon frère m’a parlé d’un de ses amis qui montait sa boite. Il m’a dit : « Il y a des chances pour que tu sois sa première cliente ». Cela a, bien sûr, attisé ma curiosité ! Il s’avère que cet ami, Sébastien, allait un peu plus tard devenir mon associé... Il m’a transféré son pitch, j’ai pleuré pendant 3 jours : c’était la même idée que la mienne ! Lui aussi souhaitait créer une plateforme internet sur laquelle les utilisateurs pourraient acheter et vendre des pièces très peu portées, vintages et neuves, échanger leurs coups de cœur et partager leur même passion pour la mode avec les autres membres du site.
Après 3 jours pitoyables et lamentables, j’ai séché mes larmes et ai décidé de rencontrer Sébastien. Il était plus avancé que moi dans son projet, ayant déjà fédéré autour de lui d’autres personnes, chacun avec des compétences distinctes et complémentaires. Â
Du fait de cette diversité de personnalités et d’expériences, les raisons pour monter Vestiaire Collective n’étaient pas les mêmes pour tout le monde. Pour certains, il y avait le constat physique et visuel des placards qui débordaient (rire). Pour d’autres, comme pour moi, c’était le constat du marché. A cette époque, on parlait beaucoup du phénomène des « récessionistas ». Et puis, il y avait les blogueuses qui vendaient en ligne. Tout ça m’a fait penser que c’était un concept qui ne pouvait que grandir et être un succès auprès des internautes.
As-tu donc toujours vu Vestiaire Collective en grand ?
Oui et non. J’ai toujours eu la conviction que c’était une idée à très fort potentiel. Mais passer d’une équipe de 6 à 50 en 3 ans ? Non, cela, je ne l’avais pas imaginé, même pas en rêve !
Te souviens-tu du moment où tu t’es dit que le site allait marcher, le moment où tu as osé penser que ton rêve devenait réalité ?
Oui. Pour moi, c’est lorsque nous avons reçu un email de l’équipe de Capital de M6, à peine un an après la création de Vestiaire Collective. Ils voulaient faire un sujet sur nous !
As-tu des souvenirs de moments difficiles ?
Des souvenirs de moments où l’activité nous “dépassait†un peu, oui. La logistique et l’opérationnel de manière plus générale sont considérables et essentiels pour le bon fonctionnement de notre projet. Au début, j’avoue qu’il y avait des moments où c’était dur de tout gérer. Nous avons beaucoup appris depuis !
Qu’est-ce qui te motive ?
Aujourd’hui, nous sommes 50 dans la boite et je n’ai pas l’impression que les gens viennent ici en se disant qu’ils viennent travailler. On s’y retrouve avec un sens de l’aventure commun, un esprit passionné, un réel attachement à la marque. Pour moi, c’est un peu comme une deuxième famille, en réalité. Cet environnement-là , cette ambiance me motivent, m’incitant ainsi à ne pas rester simplement assise derrière mon bureau. Je veux en sortir, justement, de ce bureau, échanger et travailler en direct avec les équipes et, tous les jours, poser une brique supplémentaire à ce projet commun.
Et puis aussi, il y a le retour de la communauté, de nos internautes. C’est formidable d’avoir cette proximité avec eux, cette possibilité d’échange et de réaction immédiate malgré la distance que l’on pourrait normalement craindre du fait de notre mode de communication, internet, souvent considéré comme distant, froid ou encore impersonnel.
Quel serait ton conseil pour une fille qui rêve de se lancer dans le Net aujourd’hui ?
Il faut savoir bien s’entourer. Mon frère, qui travaille également dans le web, m’a un jour dit, alors que je recherchais un projet d’entrepreneuriat que je pouvais lancer de chez moi après la naissance de mes enfants : « Ma chérie, le web dans sa cuisine, toute seule, c’était il y a 10 ans. » Et il avait raison !
Aujourd’hui, c’est un vrai métier avec des techniques à maîtriser. On ne le fait plus tout seul dans son coin. C’est primordial d’avoir un réseau et de pouvoir échanger. C’est en se confrontant aux autres que l’on avance et que l’on apprend.
Comment vois-tu le Net de demain ?
C’est une évidence peut-être, mais je dirais qu’il sera mobile, encore plus en temps réel. Le Net nous permettra, encore plus que jamais, peu importe où l’on sera, d’être informé immédiatement de l’article ou du produit que l’on recherche et de pouvoir le trouver rapidement en ligne ou dans la boutique d’à côté. C’est très, très techno finalement…
Es-tu particulièrement impressionnée ou inspirée par une « célébrité » du Net ? Â
Nathalie Massenet (la fondatrice de Net-A-Porter - ndlr). Elle a compris, avant tout le monde, ce que le Net allait devenir.
Quels sont tes e-shops préférés ?
Comme beaucoup d’e-shoppeuses, Net-A-Porter figure en haut de ma liste. Puis, dans les classiques, il y a aussi J.Crew, j’adore J.Crew ! Idem pour Département Féminin. En ce moment, je bascule un peu plus vers les sites des marques. Je regarde beaucoup par exemple Kenzo, Marni et Miu Miu.
Ce que j’aime, c’est repérer un article qui me plaise et puis je me fais fort de le trouver sur le web quelque part. Je peux donc aller très, très loin ! (KDH – Je n’ai jamais vu une liste de favoris aussi bien organisée ! Tout est classé par type d’e-shops : occasion, jeunes créateurs, enfants... Formidable, cette liste !…)
Lis-tu les blogs ?
Je consulte Garance Doré, Style by Kling, et puis, même si ce n’est pas vraiment un blog, je citerais aussi Business of Fashion que je lis tous les jours. C’est moins ludique mais ça reste la bible pour tout ce qui est mode et business.
Une dernière question. « Geek »  ou « Chic » ? Autrement dit, ta passion c’est la mode ou le Net ?
(Hésitation) Question difficile... Moi c’est la mode. (Pause) Mais, en même temps, je suis une pure e-shoppeuse. Absolument tout se passe sur le web pour moi.