Béatrice Laval

Partager une rencontre avec une personne et un intérieur qui nous séduisent fait partie de notre ADN chez Westwing. Il en est de même pour la fondatrice du magazine en ligne Nettement Chic. C’est pour cela que nous avons décidé de nous unir afin de vous présenter une série de rencontres exceptionnelles. Derrière chaque porte, une femme qui nous inspire de par son parcours, son goût et la singularité de son univers.

Pour cette nouvelle ‘Home Story’ réalisée ensemble, nous avons rendu visite à Béatrice Laval, gérante et directrice artistique de la marque de décoration d’intérieur Le Monde Sauvage. Baigné de lumière, son appartement parisien, à deux pas du Carreau du Temple, est le reflet de son sens des couleurs et de l’espace. 

  • Béatrice Laval, qui es-tu ?

    Je suis une mère de famille de trois enfants. Je vis dans le 3ème arrondissement de Paris et je suis chef d’entreprise de la marque de décoration d’intérieur Le Monde Sauvage.

    Fondé par mes parents il y a 45 ans, cela fait maintenant 5 ans que je dirige Le Monde Sauvage en propre. 

    Quel a été la genèse de la marque ? 

    Le Monde Sauvage est né en 1970 avec pour première activité la fourrure de déco. 

    Il s’agit d’une marque qui a toujours cherché à apporter sur le marché français des produits que l’on n’a jamais vus. Pendant les années 70 et 80, toute la marchandise, que mon père ramenait de l’Inde et de la Chine, était artisanale. La boutique était une sorte de brocante composée de petits morceaux de la culture asiatique, une bougie, un tabouret, un carnet… La marque a toujours été très ouverte sur de différentes cultures, sur le voyage et les pratiques autres que les nôtres. 

    Arrivent les années 90 et l’authenticité dans l’artisanat en Asie commence à devenir plus dur à trouver. Les débuts de la transformation de la marque en « créateur » au lieu de « dénicheur » datent de ce moment-là. Il ne s’agissait plus de ramener un morceau de la culture chinoise car l’authenticité des objets n’était plus là. Il fallait repenser l’histoire et créer des univers.

    Ce transfert de créer des objets au lieu de les trouver s’est confirmé en 2000. Mon père, c’était « trouver », et moi, surtout en textile, c’était « créer ».

  • Le textile représente quoi pour la marque ?

    Dans les années 90, quand l’Inde commençait à s’ouvrir, nous nous sommes mis à travailler le tissu que j’ai tout de suite apprécié car il est un excellent support à la couleur. J’ai décidé de faire perdurer le tissu comme la ligne forte de la marque.

     

    Revenons à cette transition de trouver à créer, de la transmission de la marque de tes parents à toi. 

    Quand je me suis retrouvée à la tête de la marque, j’ai senti que l’ADN était toujours d’actualité mais qu’un renouvellement d’image était nécessaire. J’ai repris la direction artistique de la marque et me suis tout de suite impliquée dans la création et le développement des produits. J’ai inséré beaucoup de motifs et j’ai puisé dans ce que nous avions fait dans le passé – le rotin par exemple – afin de créer de la nouveauté. 

  • D’où vient le nom ?

    Le Monde Sauvage représente l’exotisme de l’Asie, de cette culture si différente de la nôtre, mais aussi l’idée du contraste de l’intérieur avec le “monde sauvage » de l’extérieur. Le sens a évolué. Aujourd’hui on crée le cocon contre le monde sauvage. Le textile, qui est au centre de notre offre, est très protecteur et douillet, c’est le cocon. 

     

    Ton appartement, tout comme les boutiques, est un véritable arc-en-ciel. Comment fais-tu pour assurer une cohérence au niveau des couleurs ? 

    J’ai une formation d’architecte et une attirance très forte pour la couleur. Je me souviens encore du jour où, enfant, j’ai découvert comment mélanger les couleurs avec la peinture… Il est essentiel de garder cela à l’esprit, tous les tons ne viennent que de trois couleurs principales. Je les imagine décomposées et je les mélange en fonction de l’évolution de cette décomposition. 

  • En règle générale, il faut éviter de mixer plus de 3 couleurs ensemble, voire même se restreindre à 2 couleurs plus un autre ton, le noir, le blanc ou le gris par exemple.

    Surtout il faut partir d’une couleur qu’on aime ! On a tous une gamme chromatique, trouvez-la, c’est la base ! Pensez aussi à votre ambiance lumière. Le respect de la lumière naturelle est un donné fondamental, on ne peut pas la fausser. Pensez à l’effet de la lumière sur la couleur. Il y a des couleurs qui marchent à merveille en Inde, comme le rose fuchsia par exemple, mais qui vont frôler la vulgarité sous un soleil plus pale, plus européen. 

     

    Quels sont tes autres astuces déco ?

    1/ Penser à appliquer la couleur du plafond au sol. On pense toujours aux murs mais souvent on oublie le reste. Le plafond ne doit pas forcément rester blanc !

  • 2/ Penser à une couleur dominante par pièce. Dans chaque pièce il y a un sentiment différent, une fonction différente. Cela agrandit la maison dans l’expérience émotionnelle.

    3/ Ne pas hésiter à utiliser le noir. Ce n’est pas toujours facile en déco mais c’est très cinématographique, ça magnifie les couleurs.
     

    4/ Essayer d’avoir une vision dessinée des lieux. De voir les pièces dans une succession de plans qui peuvent générer une évolution et permettre de travailler l’espace.
     

    5/ Utiliser des lignes pour casser la perspective. On peut presque créer une illusion optique. Pour moi c’est l’extension de la grosse tendance géométrique de ces dernières années. 

  • 6/ Utiliser les coussins pour faire des rappels de couleur. C’est un accessoire de la déco que j’adore, un produit pas compliqué à changer, un peu comme les fleurs. C’est un élément qui apporte de la vie, ça bouge ! Nos coussins réversibles par exemple permettent de faire des changements faciles.

  • Quelles seront selon toi les prochaines tendances déco ?

    Le vert. Pendant longtemps on l’évitait car il y avait une forte association au malheur mais on est en train de lui donner un nouveau sens. Il évoque l’idée de la jungle, de l’exotisme et permet d’invoquer la nature dans les intérieurs.

  • Cette année, on voit partout les yeux comme motif. Ils ont remplacé l’ananas (rires) ! J’y vois une volonté mystique, une recherche de spiritualité.

    Enfin, je dirais les mélanges, qui permettent d’exprimer la personnalité de chacun.

    Aujourd’hui plus que jamais on récupère, on combine, on s’approprie et cela fait des mélanges de style un peu « patchwork ». Le total look dans la déco n’existe plus. 

  • Quelles sont tes sources d’inspiration ? 

    Une expo, une visite, un lieu, la photo (je consomme beaucoup d’images), une couleur, un film, l’ambiance d’un livre. C’est un cliché mais l’inspiration est partout !

  • Quand tu ne travailles pas, on peut te retrouver où ?

    J’adore Kunitoraya dans le 1er pour le raffinement des petits détails ; Rose Bakery dans le 9ème ; le café de la Poste à l’angle de la rue de Turenne et la rue Saintonge dans le 3ème ; le jardin des Enfants Rouges et le Carreau du Temple, à côté de chez moi. Enfin, White Bird pour les bijoux Dorette qui me connectent à l’Inde où je passe beaucoup de temps.

     

    Quelques adresses en Inde ? 

    LMB, la pâtisserie à Jaipur, et 28 Kothi, une maison d’hôte qui se trouve également à Jaipur.

     

    Quelles sont tes adresses en ligne préférées ? 

    Pinterest pour créer des moodboards, Nettement Chic pour chercher de l’inspiration, et Instagram que j’utilise beaucoup pour découvrir. J’y ai trouvé Christopher Moore, un passionné de tissus anciens, ou Los Enamorados, un magnifique hôtel à Ibiza, par exemple.

    Découvrez plus de photos de l’univers de Béatrice Laval sur le site de Westwing ici.Â